L’industrie à l’épreuve du coronavirus
Partie en décembre 2019 de la province chinoise de Hubei, plus précisément de la ville de Wuhan, l’épidémie du coronavirus a atteint l’Europe et notamment la France, avec plus de 190 cas confirmés. À ce jour, le bilan mondial est de 89 068 personnes contaminées par le virus, dont 80 026 cas en Chine, et plus de 3 000 décès. Et il continue sa progression. Au-delà de ces chiffres inquiétants, l’impact économique du Covid-19, comme il a été baptisé par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), est considérable.
Il est évident que dans une économie mondialisée un évènement si grave et dont l’évolution est imprévisible, a des conséquences incalculables. Les chaînes de valeur industrielles, et surtout celles de haute technicité dans lesquelles sont intégrées les entreprises microtechniques, connaissent des perturbations majeures. Car les entreprises européennes qui ont cherché en Chine une main d’œuvre bon marché mais aussi les promesses de débouchés considérables, connaissent une situation préoccupante.
En effet, les importations chinoises sont un mix de produits semi-finis qui alimentent l’industrie manufacturière exportatrice et de produits finaux destinés à la consommation locale. Alors, les partenaires de la Chine sont touchés des deux côtés. Tout d’abord, la production de leurs entreprises basées en Chine et destinée au marché mondial est restreinte. Ensuite le marché chinois lui-même se contracte. Une situation hautement préoccupante, car en 2019 la Chine représentait 16 % du PIB mondial (en dollars).
L’industrie automobile ou celle des technologies informatiques illustrent parfaitement ce double choc causé par l’épidémie. Il suffit de savoir qu’un équipementier comme Bosch a autant d’employés en Chine qu’en Allemagne (photo d’une de ses usines chinoises). Le 17 février dernier, la firme américaine Apple prévenait quant à elle, que la production de l’iPhone 11 « sera temporairement contrainte ». La raison : les usines d’assemblage, pourtant situées hors de la province de Hubei et ayant ré-ouvert récemment, ne peuvent produire comme prévu en raison d’absences de personnel trop importantes. Cette situation vaut sans doute pour de nombreuses entreprises américaines ou européennes qui fabriquent en Chine.
Dans cette situation et en fonction de l’évolution de la crise sanitaire, on peut supposer que les entreprises manufacturières dont les chaines de production sont réparties sur plusieurs pays pourraient décider de relocaliser leurs établissements, même si cela entraine une hausse des coûts. Alors, chaque entreprise arbitrera entre ce coût de production plus élevé et la diminution du risque de rupture de la chaîne de fabrication. Enfin, il est évident que cette épidémie a, au-delà de la Chine, des effets nocifs sur les industries nationales. Espérons toutefois que les pays touchés pourront la juguler rapidement. Et que l’économie repartira du bon pied…