Micronora 2018, le laboratoire de la micromécanique du futur
Inauguré par Bruno Grandjean, Président de l’Alliance Industrie du Futur, le salon international des microtechniques et de la précision a attiré dans les halls d’exposition de Besançon (Doubs) tous les aficionados de ce domaine indispensable pour réaliser les produits high-tech d’aujourd’hui ou de demain. « Les 920 exposants ont mis sous la loupe, micro et nano-dimensions obligent, des solutions plus étonnantes les unes que les autres », confirme Michèle Blondeau, directeur général du salon. « Pendant quatre jours, du 25 au 28 septembre 2018, les 15 220 visiteurs venus avec leurs petites pièces dans la poche ont pu trouver les solutions idoines pour les concevoir, les fabriquer ou les contrôler. »
Autant dire que les absents avaient tort comme toujours, car rien ne manquait dans l’offre présentée sur les stands, allant du logiciel de CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur) à la machine-outil de dernière génération en passant par les outils de coupe les plus productifs et les moyens de contrôle les plus impitoyables, la robotique coopérative et agile ou les lasers omniprésents…
Les nouvelles démarches de production, comme la fabrication additive (plastique, céramique ou métal), étaient elles aussi de la fête et les représentants de cette solution qui a le vent en poupe étaient presque cinq fois plus nombreux qu’à l’édition précédente du salon. Dorénavant les ateliers de mécanique qui veulent rester dans la course technologique doivent ajouter à leur parc de machines-outils des solutions de fabrication additive pour fabriquer de nouvelles pièces, réparer ou ajouter de nouvelles fonctions et afficher ainsi une polyvalence à toute épreuve. Complexité sans limites, économie de matière première, assemblages réalisés grâce à une seule pièce… Les avantages de la fabrication additive sont bien connus, mais à une condition près : commencer toujours ce parcours au bureau d’études. « Il faut disposer quand on est un sous-traitant de haut niveau, ce qui en micromécanique est la règle, de plusieurs technologies de fabrication pour pouvoir répondre rapidement et avec la qualité requise à des projets différents », conseille Thierry Bisiaux, président de Micronora et du groupe Cryla. Optimiste, l’industriel bisontin considère que « les produits de demain auront besoin de spécialistes de plus en plus aguerris pour être fabriqués ou entretenus, ce qui donnera un coup de fouet au marché du travail. »
Véritable laboratoire de la micromécanique de demain, le salon bisontin a ainsi permis aux visiteurs d’appréhender les nouvelles frontières technologiques que visent les industriels de ce domaine pas comme les autres. Il suffit pour s’en rendre compte, de regarder les exploits des lauréats du concours des Microns et Nano d’Or 2018. Leur savoir-faire pousse les limites de l’injection plastique vers les dimensions nano, permet de manipuler et d’assembler des composants de plus en plus petits ou d’exploiter jusqu’aux dernières limites les possibilités d’un centre d’usinage pour réaliser des motifs d’une complexité jamais atteinte voire de réaliser des robots à cinématique parallèle lilliputiens ou assurer de traitements de surface nano. Ce savoir-faire étendu permet également aux machines laser d’être toujours plus polyvalentes et aux moyens de contrôle de s’adapter à ce monde minuscule.
Si Micronora a toujours été une vitrine incomparable pour découvrir toutes ces innovations étonnantes, et l’édition 2018 n’a pas fait exception à la règle, le salon est également un important agitateur d’idées. Une démarche illustrée cette année par le Zoom du salon qui a accueilli une Unité Autonome de Production (photo, source MS). Réalisé sur une idée originale de Michel Froelicher, vice-président de Micronora, l’UAP a réuni un ensemble d’équipements de conception, de fabrication (usinage et impression 3D), de marquage, de contrôle et de robotique qui a permis la production d’un ensemble plastique/métal complexe.
Un système de production dont le logiciel a été mis au point par une start-up bisontine, MC Robotics, et son créateur Mathieu Charles. « Cette installation de production démontre qu’une PME peut s’équiper à moindre frais et avec des moyens existants sur le marché pour entrer de plein pied dans la démarche Industrie 4.0 », conclut Michel Froelicher. « Encore faut-il pour la maîtriser, disposer de bons spécialistes. Ce qui suppose un effort de formation considérable qui doit commencer dès maintenant. C’est à ce prix et seulement à ce prix que nous pourrions répondre à la formidable mutation du marché du travail qui est en marche et avoir assez de candidats pour les milliers d’emplois qui seront créés demain. » Avis donc aux Pouvoirs publics…