Actualités Microtechniques
06/03/17

Faut-il imposer les robots ?

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Taxer les robots pour limiter leurs effets néfastes sur l’emploi et sur les comptes de la sécurité sociale… Plusieurs personnalités parmi lesquelles figurent Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle et, plus inattendu, Bill Gates, le fondateur de Microsoft, appuient cette idée. « A l’heure actuelle, si un travailleur humain produit, disons, une richesse de 50.000 dollars dans une usine, ce revenu est taxé. Si une machine vient et fait la même chose, on pourrait penser que nous imposerions le robot à un niveau similaire », a déclaré le milliardaire américain dans une interview vidéo au site Quartz. Dans un rapport adopté par sa commission des affaires juridiques, le Parlement européen appelle également la Commission européenne à préparer une directive pour encadrer le développement de la robotique et de l’intelligence artificielle.

Le débat que soulève cette idée intéresse hautement et à double titre l’industrie microtechnique, qui est à la fois utilisatrice et productrice de robots. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut essayer de définir un robot. Ce qui est très difficile, voire un casse-tête. Un logiciel qui automatise certaines fonctions est-il un robot ? Et à partir de quel degré d’automatisation une machine se transforme en un robot ? La future voiture autonome est-elle un robot ? Plus on avance dans ce débat, plus les questions s’amoncèlent. Ne taxera-t-on que les robots industriels ou ceux que nous utilisons et utiliserons de plus en plus souvent à la maison (aspirateurs-robots, robots de cuisine multifonctions, réfrigérateur connecté…) ? Les robots sont-ils une des principales causes du chômage ? La réalité contredit cette vieille rengaine. La France qui affiche un des taux de chômage le plus élevé d’Europe est la moins robotisée parmi les principaux pays industrialisés au monde. L’Allemagne, le Japon et les Etats-Unis, pour ne prendre que ces exemples, ont installé beaucoup de robots et pourtant leur taux de chômage est très bas. Néanmoins toutes ces questions ne représentent rien par rapport aux effets économiques d’une telle taxe. Car si le niveau de taxation est élevé ses conséquences seraient désastreuses pour les industriels. Les entreprises françaises vont immédiatement freiner leurs investissements robotiques, puisque les prix serait plus élevés et la rentabilité moindre. Adieu donc Industrie 4.0 et l’usine du futur, des concepts dont la robotisation constitue une des pierres angulaires. Donc moins de rentabilité et moins de compétitivité. Enfin, pour que cette taxe fonctionne, il faudrait que tous les pays l’adoptent. Ce qui est illusoire…

 

Source photo : MS