La robotisation, une démarche incontournable
N’en déplaise aux pourfendeurs de robots, les dernières statistiques publiées par la Fédération Internationale de la robotique (IFR) sont sans appel. Les ventes de robots, prévoient ses analystes, vont bondir de 14 % par an entre 2019 et 2022, et ce n’est qu’une moyenne. Les usines des quatre coins du monde ont installé en 2018 pas moins de 421 000 robots pour automatiser la production. Une croissance de 10 % par rapport à l’année précédente, qui a connu elle, une hausse exceptionnelle de 30 %. Et rien n’entame le moral des utilisateurs potentiels, ni celui des fabricants de robots qui font fi de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine ou des délocalisations vers des pays à bas coût de main d’œuvre comme le Vietnam.
Ainsi, la nouvelle moyenne globale de densité robotique dans les industries manufacturières est de 74 robots pour 10 000 employés (66 unités en 2015). Par région, la densité moyenne de robots en Europe est de 99 unités, 84 unités dans les Amériques et 63 unités en Asie. Les dix pays les plus automatisés au monde sont : la Corée du Sud, Singapour, l’Allemagne, le Japon, la Suède, le Danemark, les États-Unis, l’Italie, la Belgique et Taiwan. „La densité de robots est un excellent outil de comparaison qui permet de prendre en compte les degrés d’automatisation de l’industrie manufacturière dans différents pays“, pointe Junji Tsuda, président de la Fédération internationale de la robotique. Le volume élevé d’installations de robots en Asie ces dernières années, explique ainsi le taux de croissance de cette région. Entre 2010 et 2016, le taux de croissance annuel moyen de densité de robots était de 9 % en Asie, de 7 % dans les Amériques et de 5 % en Europe. La Corée du Sud a de loin la densité de robots la plus élevée dans l’industrie manufacturière – une position que le pays occupe depuis 2010. Sa densité robotique dépasse de huit fois la moyenne mondiale (631 unités). Ce taux est le résultat d’installations continues d’un grand nombre de robots, en particulier dans l’industrie électrique/électronique et dans l’industrie automobile.
Le pays le plus automatisé d’Europe est l’Allemagne qui se situe au 3ème rang mondial avec 309 unités. La France a une densité de 132 unités (se classant à la 18ème place dans le classement mondial), ce qui est bien au-dessus de la moyenne mondiale de 74 robots – mais relativement faible par rapport aux autres pays de l’UE. Les membres de l’UE comme la Suède (223 unités), le Danemark (211 unités), l’Italie (185 unités) et l’Espagne (160 unités) sont beaucoup plus automatisés avec des robots industriels dans le secteur manufacturier.
Néanmoins, sous l’impulsion du gouvernement actuel, la France est en train de retrouver la compétitivité dans ses secteurs manufacturiers. Elle connaîtra entre 2018 et 2020, un taux de croissance annuel moyen robotique compris entre 5 et 10%. En effet, l’Etat a lancé un ambitieux programme d’investissement dans les nouvelles technologies (deep tech) avec 4,5 milliards d’euros alloués pour faire émerger de tels projets et donner naissance à des champions dans ces innovations de rupture. Ce qui place la France au deuxième rang des investisseurs en Europe en 2018, devant la Suisse et l’Allemagne. Mais très loin derrière le Royaume-Uni qui a investi trois fois plus. Plusieurs raisons expliquent cette évolution du marché mondial de la robotique. Le souci majeur de l’amélioration de la productivité et de la qualité, bien sûr. Mais aussi, le développement économique mondial, comme l’explique Junji Tsuda, président de l’IFR et ancien dirigeant de Yaskawa. „Les géants de la fabrication automobile ainsi que ceux de l’industrie électronique doivent faire face à une demande soutenue, ce qui les obligent à automatiser toujours plus leurs lignes de production“, affirme le spécialiste.
L’industrie microtechnique s’équipe elle aussi avec des robots de dernière génération, comme ont pu constater les visiteurs du Zoom au salon Micronora 2018. La manipulation des pièces dont la taille touche le micromètre incite les spécialistes de ces applications à inventer de nouveaux moyens automatisés. Comme le micromanipulateur à cinématique parallèle développé par Femto-ST ou la micro-pince robotisée polyvalente conçue par Percipio Robotics (photo, source : MS), des innovations récompensées par un Micron d’Or au salon bisontin.
Attention cependant : ce développement accéléré de nouvelles technologies changera profondément la nature des futurs emplois. Il y aura sans doute beaucoup plus d’offres, mais elles impliqueront un effort de formation conséquent que la collectivité et les entreprises devront assumer, et cela sans attendre…